mardi 8 mai 2012

Vous n'avez pas de champignoooons !!


Je suis arrivée en début d’après-midi à la crêperie, mon lieu de travail. Pour découvrir stupéfaite, que tout l’intérieur avait été modifié. Au lieu d’une grande salle on trouvait à présent plusieurs petits salons, avec des ambiances différentes, mais avec la récurrence des fleurs et des nappes. Nappes à fleurs, gros fauteuils à grosses fesses, des tables rondes, des tables de toutes les formes. Ma première réaction fut de dire à ma collègue que placer les clients allait être plus difficile. Puis les fameux clients ont commencé à arriver. Très vite ils ont été nombreux. Deux dames voulaient se mettre sur la grosse table ronde je leur ai dit que ce n’était pas possible d’être seulement deux à cette table. Oui il faut rentabiliser l’espace ! Quand le restaurant fut plein, il s’est passé quelque chose d’étrange. Les gens, qui au début avaient l’air d’êtres humains normaux, ont commencé à changer. L’atmosphère s’est faite plus lourde, les hommes grandissaient et se voutaient, les femmes devenaient laides. J’ai cru d’abord que je me trompais, que c’était la fatigue. Une immense dame s’est subitement levée, et du haut de ses 2m50 m’a crié « comment ça vous n’avez pas de champignooons ! Vous m’aviez dit que vous aviez des champignooons ! » Elle criait, hystérique. Tout a bougé plus vite autour, des gens mécontents se levaient, et devenaient menaçants ! Le ciel a du se voiler car il faisait sombre tout à coup. J’étais propulsée je ne sais par quelle magie, au milieu d’un monde diabolique. Un homme qui avait trop bu et dont le visage n’avait plus rien d’humain, s’avançait vers moi, d’un pas irrégulier et lourd, mais décidé. Décidé à quoi ?? au secours !! Ma collègue arriva alors derrière lui, elle tenait un grand parapluie qu’elle leva puis abattit violemment sur la tête du gnome bourré qui s’écroula sous le choc. Puis, le chaos. Les monstres-clients ont commencé à mettre à sac le restaurant, des fracas, des hurlements, j’ai couru avec la vitesse de la peur vers la porte de sortie, mais plus de porte. Un mur noir à la place et j’ai entendu un son aigu en pointillés, je me suis dit voilà, c’est une bombe. C’est fini. Bip bip bip biiiiip. Mon foutu réveil! j'y crois pas. Il fait grand jour, une douche, une chemise blanche, et je dois me rendre au travail. Qu’on ne me dise plus jamais, tu as l’air fatiguée, va dormir. Ca n’a rien de reposant, le sommeil.

mardi 1 mai 2012

Un 1er Mai d'errance


Ballade à l’aveuglette pour voir autre chose.
Passage d’enfer
l’entrée joliment barricadée aux voitures par un alignements de 5 poubelles vertes.
Cette idée de devoir contourner les ordures pour prendre le passage d’enfer, n’a eu le temps de me faire sourire que quelques secondes, en avançant un peu, avant d’être abasourdie par la magie du lieu. Cet alignement de maisons, droites et modestes mais tellement jolies. Et ce calme.
De voir un chat tranquille derrière le carreau, des fleurs des vélos, et personne.  
Des volets bleus des volets jaunes des volets rouges et des murs blancs, portes en bois, pavés.
Un angle blanc et coloré. Un angle silencieux, plus encore silencieux d’entendre au loin les manifestants. L’agitation de la ville. D’en être séparée un instant. De regarder ce chat, tranquille.
Remonter la rue campagne première, jusqu’à Paf, arriver place Camille Jullian, au milieu des manifs. Chars foule autocollants ballons, odeur de saucisses frites et « l’international » en boucle. Place noire de rouge. Port Royal en force. Je m’en imprègne un peu puis je lâche l’affaire et vais apprécier la fontaine chevaline et tortue cracheuse de la place. Pensées tortueuses en tête, j’admire les envolées de gouttes d’eau, puis remonte l’avenue de l’observatoire en slalomant entre les poussettes et les rollers de 7 ans.

Me retrouver chez moi en me disant que je ne peins pas de grandes toiles dans un atelier. Que tous ces gens en roller poussette la glace au bec je les trouvais poisseux, mais que finalement les doigts qui collent pleins de glace c’est pas pire, qu’une foutue cuirasse et la glace à l’intérieur.