dimanche 10 février 2013

petites cheminées



Les petites cheminées couleur rouille, 
crapotent par bouffées régulières, 
telles un fumeur inexpérimenté. 
Des volutes de fumée qui  montent un peu, 
en dansant,
rapidement, 
comme s’ils savaient qu’ils n’ont qu’une seconde
pour être visibles 
à l’air libre,
 puis dans un dernier tourbillon se confondent, 
se mélangent au ballet des flocons qui les entrainent, 
fondus, 
vers la terre.

dimanche 13 janvier 2013

Une belle petite famille



Il est rentré le premier, assez grand est bien droit, les cheveux grisonnants, la cinquantaine et beaucoup de charme. J’ai failli le trouver beau. 
Puis j’ai vu son drapeau, puis j’ai vu sa femme, bien comme il faut bien habillée, et leurs deux enfants  (il semble) accompagnés de leurs moitiés respectives du sexe opposé. Une belle petite famille.
Il m’a dit c’est pour 6, en filant tout droit vers une table qu’il avait décidé de s’approprier. 

Ils étaient tous endimanchés (normal on est dimanche) et mouillés (normal ils avaient manifestés). Ils sont normaux, eux. 
Ils étaient un peu excités et ont décidé de prendre non pas une mais deux bouteilles de cidre. Soyons fous ! 

Papa, maman, vos deux magnifiques enfants gendre et belle-fille, vous êtes allés en famille, par une froide journée pluvieuse, brandir des drapeaux contre ! contre ! contre ! 

Mon envie de pleurer ravalée, j’ai imaginé vos vies quotidienne, a quel point on doit s’ennuyer pour en arriver là ! Etes-vous heureux ?
Finalement je vous ai servi vos crêpes, en vous souhaitant intérieurement bien du plaisir dans la dégustation, 
mes pauvres petites gens, qui ne savez pas, à quel point vous êtes petits, et laids. 

Vous êtes un beau tableau, une belle représentation, de la misère hum-haine.

vendredi 11 janvier 2013

méchante envie



C’est une petite folie douce qui monte en vous,
Qui grimpe sournoisement le long de votre dos.
Fourmillement au bout des doigts, derrière le cou.
C’est son plat favori, vous ronge le cerveau
Et vous agace la tête,
L’envie d’une cigarette. 
Une envie qui fait peur.
On la connait par cœur.
Qui rode et qui vous hante.
Petite sirène méchante.  
Un bras de fer de cinq minutes, et c’est réglé
Jusqu’à la prochaine lutte, le temps de respirer.
Car  elle est bien craintive, si vous montrez les dents
Elle s’éloignera de sa démarche en crabe.
Mais cachée dans un coin de votre inconscient,
Reviendra encore, quand vous baisserez la garde.
Voilà pour tous ceux qui n’y ont jamais touché,
Pour vous dissuader de jamais commencer.

mercredi 3 octobre 2012

Colocs nuit.



« Depuis qu’elle est arrivée le lieu a changé
Sur tout le sol il y a du coton
Et dans l’air des bulles de savon.

Laisse moi deviner. Salle de bain ?

-Avec elle j’apprends trop vite
Que rien ne dure jamais
Qu’il faut profiter des choses simples
Et des instants fragiles.

-Tu l’as emmenée chez Ikea ?

-Depuis j’ai de nouveau envie d’écrire
De rire de courir de rugir de..

-Et moi j’ai envie de pouvoir dormir !
Tu peux éteindre ?

-Oui. Voilà.
Même la nuit ne me fait plus peur
J’y vois des constellations de bonheur et..

-Et moi j’y vois mon poing dans ta gueule si tu la fermes pas.

-Bon..
Bonne nuit, être insensible.

-Ta gueule. »

vendredi 21 septembre 2012

mère fantôme



Je me lève après une nuit de sommeil épuisante.
Des rêves épais, et pleins d’inquiétude.
Et une personne toujours présente, toujours présente.
Je me lève fatiguée comme chaque jour depuis un an. Je m’épuise chaque nuit en rêve, pour ne pas avoir la force ensuite de vivre ma journée. Je ne peux pas vivre, puisqu’il n’est plus là. Plus là par ma faute. Je ne peux pas mourir, ce serait m’accorder une dignité que je ne mérite pas.
Et elle serait seule. Je l’ai déjà privée d’un père. Sa mère est un fantôme.
Elle me regarde avec les yeux de son père, et je disparais.
Je ne la connais plus, j’ai cessé de la voir grandir. 
Elle boit son chocolat, un baiser sur le front, pâle baiser, elle partira à l’école. Et je nettoierai.
Femme d’intérieur irréprochable morte à l’intérieur.
Chaque tâche quotidienne accomplie avec soin, le dîner prêt pour elle, quand elle rentrera. 
Mère transparente, j’irai rejoindre mes rêves épais et épuisants.
En attendant qu'elle grandisse et que je puisse, enfin, ne plus exister. 

jeudi 23 août 2012

RURBAIN


Dérouler les routes sinueuses en voitures
Regarder la ville par la fenêtre d’un bus

Une place communale pour un bal ancestral
Des troquets de quartiers animés, un soir d’été

Admirer un ciel scintillant et silencieux
Ou le ciel rose encerclé de petites cheminées

Etendre le linge dehors à la fraîche,
Lire un bon bouquin à la laverie du coin 

Le frigo bien rempli de la maison familiale
Ou l’épicerie de nuit avec son étal

Un automobiliste stressé par un troupeau
Un autombiliste stressé par les bouchons

Les champs à perte de vue
Les gens à perte de vue

S’ennuyer à mourir un jour de pluie
S’ennuyer à mourir dans un studio tout petit

Aller chercher les vaches
Aller à la Fnac

Se perdre dans la forêt et oublier le temps
Se glisser dans les cours des ateliers d’avant

S’engueuler avec le voisin
S’engueuler avec le voisin

Slalomer en vélo entre les poules
Slalomer en vélo entre les poules

Par la fenêtre respirer l'odeur des foins coupés
Par la fenêtre sentir le bitume encore chaud de la journée

Entre les deux mon cœur balance
Rural ou urbain, un jour c’est l’un, demain on verra bien. 

mardi 8 mai 2012

Vous n'avez pas de champignoooons !!


Je suis arrivée en début d’après-midi à la crêperie, mon lieu de travail. Pour découvrir stupéfaite, que tout l’intérieur avait été modifié. Au lieu d’une grande salle on trouvait à présent plusieurs petits salons, avec des ambiances différentes, mais avec la récurrence des fleurs et des nappes. Nappes à fleurs, gros fauteuils à grosses fesses, des tables rondes, des tables de toutes les formes. Ma première réaction fut de dire à ma collègue que placer les clients allait être plus difficile. Puis les fameux clients ont commencé à arriver. Très vite ils ont été nombreux. Deux dames voulaient se mettre sur la grosse table ronde je leur ai dit que ce n’était pas possible d’être seulement deux à cette table. Oui il faut rentabiliser l’espace ! Quand le restaurant fut plein, il s’est passé quelque chose d’étrange. Les gens, qui au début avaient l’air d’êtres humains normaux, ont commencé à changer. L’atmosphère s’est faite plus lourde, les hommes grandissaient et se voutaient, les femmes devenaient laides. J’ai cru d’abord que je me trompais, que c’était la fatigue. Une immense dame s’est subitement levée, et du haut de ses 2m50 m’a crié « comment ça vous n’avez pas de champignooons ! Vous m’aviez dit que vous aviez des champignooons ! » Elle criait, hystérique. Tout a bougé plus vite autour, des gens mécontents se levaient, et devenaient menaçants ! Le ciel a du se voiler car il faisait sombre tout à coup. J’étais propulsée je ne sais par quelle magie, au milieu d’un monde diabolique. Un homme qui avait trop bu et dont le visage n’avait plus rien d’humain, s’avançait vers moi, d’un pas irrégulier et lourd, mais décidé. Décidé à quoi ?? au secours !! Ma collègue arriva alors derrière lui, elle tenait un grand parapluie qu’elle leva puis abattit violemment sur la tête du gnome bourré qui s’écroula sous le choc. Puis, le chaos. Les monstres-clients ont commencé à mettre à sac le restaurant, des fracas, des hurlements, j’ai couru avec la vitesse de la peur vers la porte de sortie, mais plus de porte. Un mur noir à la place et j’ai entendu un son aigu en pointillés, je me suis dit voilà, c’est une bombe. C’est fini. Bip bip bip biiiiip. Mon foutu réveil! j'y crois pas. Il fait grand jour, une douche, une chemise blanche, et je dois me rendre au travail. Qu’on ne me dise plus jamais, tu as l’air fatiguée, va dormir. Ca n’a rien de reposant, le sommeil.