mercredi 3 octobre 2012

Colocs nuit.



« Depuis qu’elle est arrivée le lieu a changé
Sur tout le sol il y a du coton
Et dans l’air des bulles de savon.

Laisse moi deviner. Salle de bain ?

-Avec elle j’apprends trop vite
Que rien ne dure jamais
Qu’il faut profiter des choses simples
Et des instants fragiles.

-Tu l’as emmenée chez Ikea ?

-Depuis j’ai de nouveau envie d’écrire
De rire de courir de rugir de..

-Et moi j’ai envie de pouvoir dormir !
Tu peux éteindre ?

-Oui. Voilà.
Même la nuit ne me fait plus peur
J’y vois des constellations de bonheur et..

-Et moi j’y vois mon poing dans ta gueule si tu la fermes pas.

-Bon..
Bonne nuit, être insensible.

-Ta gueule. »

vendredi 21 septembre 2012

mère fantôme



Je me lève après une nuit de sommeil épuisante.
Des rêves épais, et pleins d’inquiétude.
Et une personne toujours présente, toujours présente.
Je me lève fatiguée comme chaque jour depuis un an. Je m’épuise chaque nuit en rêve, pour ne pas avoir la force ensuite de vivre ma journée. Je ne peux pas vivre, puisqu’il n’est plus là. Plus là par ma faute. Je ne peux pas mourir, ce serait m’accorder une dignité que je ne mérite pas.
Et elle serait seule. Je l’ai déjà privée d’un père. Sa mère est un fantôme.
Elle me regarde avec les yeux de son père, et je disparais.
Je ne la connais plus, j’ai cessé de la voir grandir. 
Elle boit son chocolat, un baiser sur le front, pâle baiser, elle partira à l’école. Et je nettoierai.
Femme d’intérieur irréprochable morte à l’intérieur.
Chaque tâche quotidienne accomplie avec soin, le dîner prêt pour elle, quand elle rentrera. 
Mère transparente, j’irai rejoindre mes rêves épais et épuisants.
En attendant qu'elle grandisse et que je puisse, enfin, ne plus exister. 

jeudi 23 août 2012

RURBAIN


Dérouler les routes sinueuses en voitures
Regarder la ville par la fenêtre d’un bus

Une place communale pour un bal ancestral
Des troquets de quartiers animés, un soir d’été

Admirer un ciel scintillant et silencieux
Ou le ciel rose encerclé de petites cheminées

Etendre le linge dehors à la fraîche,
Lire un bon bouquin à la laverie du coin 

Le frigo bien rempli de la maison familiale
Ou l’épicerie de nuit avec son étal

Un automobiliste stressé par un troupeau
Un autombiliste stressé par les bouchons

Les champs à perte de vue
Les gens à perte de vue

S’ennuyer à mourir un jour de pluie
S’ennuyer à mourir dans un studio tout petit

Aller chercher les vaches
Aller à la Fnac

Se perdre dans la forêt et oublier le temps
Se glisser dans les cours des ateliers d’avant

S’engueuler avec le voisin
S’engueuler avec le voisin

Slalomer en vélo entre les poules
Slalomer en vélo entre les poules

Par la fenêtre respirer l'odeur des foins coupés
Par la fenêtre sentir le bitume encore chaud de la journée

Entre les deux mon cœur balance
Rural ou urbain, un jour c’est l’un, demain on verra bien. 

mardi 8 mai 2012

Vous n'avez pas de champignoooons !!


Je suis arrivée en début d’après-midi à la crêperie, mon lieu de travail. Pour découvrir stupéfaite, que tout l’intérieur avait été modifié. Au lieu d’une grande salle on trouvait à présent plusieurs petits salons, avec des ambiances différentes, mais avec la récurrence des fleurs et des nappes. Nappes à fleurs, gros fauteuils à grosses fesses, des tables rondes, des tables de toutes les formes. Ma première réaction fut de dire à ma collègue que placer les clients allait être plus difficile. Puis les fameux clients ont commencé à arriver. Très vite ils ont été nombreux. Deux dames voulaient se mettre sur la grosse table ronde je leur ai dit que ce n’était pas possible d’être seulement deux à cette table. Oui il faut rentabiliser l’espace ! Quand le restaurant fut plein, il s’est passé quelque chose d’étrange. Les gens, qui au début avaient l’air d’êtres humains normaux, ont commencé à changer. L’atmosphère s’est faite plus lourde, les hommes grandissaient et se voutaient, les femmes devenaient laides. J’ai cru d’abord que je me trompais, que c’était la fatigue. Une immense dame s’est subitement levée, et du haut de ses 2m50 m’a crié « comment ça vous n’avez pas de champignooons ! Vous m’aviez dit que vous aviez des champignooons ! » Elle criait, hystérique. Tout a bougé plus vite autour, des gens mécontents se levaient, et devenaient menaçants ! Le ciel a du se voiler car il faisait sombre tout à coup. J’étais propulsée je ne sais par quelle magie, au milieu d’un monde diabolique. Un homme qui avait trop bu et dont le visage n’avait plus rien d’humain, s’avançait vers moi, d’un pas irrégulier et lourd, mais décidé. Décidé à quoi ?? au secours !! Ma collègue arriva alors derrière lui, elle tenait un grand parapluie qu’elle leva puis abattit violemment sur la tête du gnome bourré qui s’écroula sous le choc. Puis, le chaos. Les monstres-clients ont commencé à mettre à sac le restaurant, des fracas, des hurlements, j’ai couru avec la vitesse de la peur vers la porte de sortie, mais plus de porte. Un mur noir à la place et j’ai entendu un son aigu en pointillés, je me suis dit voilà, c’est une bombe. C’est fini. Bip bip bip biiiiip. Mon foutu réveil! j'y crois pas. Il fait grand jour, une douche, une chemise blanche, et je dois me rendre au travail. Qu’on ne me dise plus jamais, tu as l’air fatiguée, va dormir. Ca n’a rien de reposant, le sommeil.

mardi 1 mai 2012

Un 1er Mai d'errance


Ballade à l’aveuglette pour voir autre chose.
Passage d’enfer
l’entrée joliment barricadée aux voitures par un alignements de 5 poubelles vertes.
Cette idée de devoir contourner les ordures pour prendre le passage d’enfer, n’a eu le temps de me faire sourire que quelques secondes, en avançant un peu, avant d’être abasourdie par la magie du lieu. Cet alignement de maisons, droites et modestes mais tellement jolies. Et ce calme.
De voir un chat tranquille derrière le carreau, des fleurs des vélos, et personne.  
Des volets bleus des volets jaunes des volets rouges et des murs blancs, portes en bois, pavés.
Un angle blanc et coloré. Un angle silencieux, plus encore silencieux d’entendre au loin les manifestants. L’agitation de la ville. D’en être séparée un instant. De regarder ce chat, tranquille.
Remonter la rue campagne première, jusqu’à Paf, arriver place Camille Jullian, au milieu des manifs. Chars foule autocollants ballons, odeur de saucisses frites et « l’international » en boucle. Place noire de rouge. Port Royal en force. Je m’en imprègne un peu puis je lâche l’affaire et vais apprécier la fontaine chevaline et tortue cracheuse de la place. Pensées tortueuses en tête, j’admire les envolées de gouttes d’eau, puis remonte l’avenue de l’observatoire en slalomant entre les poussettes et les rollers de 7 ans.

Me retrouver chez moi en me disant que je ne peins pas de grandes toiles dans un atelier. Que tous ces gens en roller poussette la glace au bec je les trouvais poisseux, mais que finalement les doigts qui collent pleins de glace c’est pas pire, qu’une foutue cuirasse et la glace à l’intérieur.

vendredi 27 avril 2012

p'tit moment


L’orage la nuit qui terrifie, qui me fige dans ma solitude à coups de peurs irraisonnées.
Tous les monstres tapis depuis l’enfance remontent à ce moment là.
Mais l’orage de cet après-midi là, la fenêtre ouverte, toi à côté, et nos rires… Le bruit de la pluie droite sur le toit dans face, notre fumée pas très nette qui tentait de se rapprocher des éclairs, tout était bon.
Et ces ronronnements teintés d’adrénaline, ajoutaient à la perfection de cet après-midi.
-huit ans dans la cour de l’école, quand une récréation sous les claquements du ciel nous rendait tous nerveux et joyeux.-
J’étais sûre à ce moment là, que je n’avais pas besoin de vivre autre chose que cet instant là.
Bonheur. Il faut savoir le reconnaître quand il tremble au dessus de ta tête, qu’il rebondit et coule sur le toit dans face, ou qu’il rie à côté de toi. Savoir le reconnaître avant qu’il ne parte en volutes de fumée. Pouvoir s’en souvenir plus tard, et se surprendre à sourire doucement.

mercredi 28 mars 2012

Seul un fou

Il n’y a qu’un fou pour ne pas se sentir seul,
Savoir être seul pour ne pas devenir fou.

Certains jours, tout autour est bruyant et vulgaire
Le bordel des humains, cette éternelle lutte
Les cris et le travail et tout ça dans quel but
Je voudrais me cacher, je voudrais les faire taire.

Et la nuit, le silence noir épais qui colle
Des angoisses indicibles, et la peur de mourir
Cette lourde fatigue, la peur de s’endormir.
Avoir besoin du bruit, se voir devenir folle.

Il n’y a qu’un fou pour ne pas se sentir seul,
Savoir être seul pour ne pas devenir fou.

Etre forcé d’entendre des absurdités
Se voir participer à toute la mélasse
Je me sens parcourue d’un frisson dégueulasse
Comme un papier griffé d’un crayon mal taillé.

Le corbeau va passer, l’autre oiseau reviendra
Et je vais retrouver ma fou-tue légèreté
Se forcer à sourire et savoir patienter
Et tolérer ici puisqu’un jour on s’en va.

Il n’y a qu’un fou pour ne pas se sentir seul,
Savoir être seul pour ne pas devenir fou.

samedi 17 mars 2012

Cri immobile

Au dessus de moi, dans la fenêtre horizontale
qui me permet de voir le ciel alors que je dors encore,
J'ouvre les yeux sur un milan qui passe
Qui file, immobile, dans le vent
Son cri qui fend le ciel -trop bleu- fait écho,
Et reste, en moi.
J'ai dans le ventre le cri du milan
aigu et libre tout en haut
Je suis née avec un milan dans le ventre
Celui-là ne sera jamais libre
Il me porte et se débat.
Semblable à un arbre arraché
Sur lequel on pourrait marcher.
Version craquée de la forêt,
où les hommes et le vent
se sont mis ensemble pour coucher les arbres. 

Je veux du vert je veux du bleu
Je n'obtiens qu'un rouge terreux
Mais je l'aime plus encore au creux
Les pieds dans la terre qui m'a fait naître,
Le cri dans le ventre qui me fait vivre,
La fenêtre qui donne sur le ciel.
Et le milan, qui file, immobile.  

samedi 3 mars 2012

En bas V


Comme on s’ennuie parfois
Comme rien n’a de sens
C’est pour cela qu’on travaille.
Enfin c’est ce qu’on se dit.
On travaille on paye
On rend des comptes mais pas de rencontre.
Le temps passe, nous cisaille
Chaque blessure cicatrise un peu plus mal
La solitude devient notre meilleur pote
On ne pleure plus, parfois on se force à pleurer.
Les rires grincent.
On trinque au vinaigre
Fake show
Les gens qui comptent s’éloignent
Sans en avoir l’air
On a moins souvent de bonnes raisons de s’appeler.
Parfois on y croit, c’est encore là, dix minutes, une soirée,
Et retour au vide. Vaine existence de vendu.
Viande avariée que nous sommes devenus.
Village de vermine,
Viscères pourrissantes aux dents blanches
Vile vieille ville, ne m’en veut pas.
Je suis veuve de volonté. 


mercredi 29 février 2012

Bleu envolé


Ses yeux bleu exigeant
Envers lui plus encore
Qu’envers les autres gens
Son regard c’est de l’or.

Sa passion pour le vrai
Vous entraine avec lui
Vous enchaine on dirait
A la mort à la vie

Ces yeux bleu exigeant
Vous ont tant bouleversé
Que vous plongez dedans
Pour ne plus respirer

Sa colère est miroir
De ce que vous cachez
Sa force c’est de voir
Ce que vous ne savez

Ces yeux bleu exigeant
Les vôtres exaltés
Deux et deux échangeant
L’envie et la clarté

La pupille qui s’étire
Et le cœur un peu fou
Pas difficile de lire
Ce qu’il se passe en vous

Comme si c’était hier
Ces yeux bleu souvenir
Car tout est éphémère
Passé ou à venir.

S'ils se sont fait la belle
Ils ont su vous aimer
Et vous donner des ailes
Ces yeux bleu envolé.

vendredi 24 février 2012

Pointu


Une rose a l’odeur
Du fruit de sa couleur
C’est prouvé, c’est génétique
C’est scientifique

Une rose n’a pas de cœur
Des piquants de douleurs
Désir fugace
Désir d’été
C’est coloré
Mais c’est pointu
C’est point tue
Se jeter trop vite dans l’eau froide
Le désir peut tuer

Et pire que le désir
Et plus perfide
Quand le désir expire
Etre sous vide

mercredi 22 février 2012

Les rayons d'hiver

Les rayons d’hiver réchauffent la vitre. Une caresse de lumière, qui étire un peu l’appartement minuscule. Ca me donne envie de sortir. Pas dynamiques d’une fille qui sait où elle va alors que pas du tout. Je suis une batterie brûlante et le vent froid sur mon visage m’électrise. Pas comme avant de le voir. Marche, marche, les pigeons ne volent plus, terminé tout ça. Ils pourraient se forcer un peu. Je travaille et je fais du sport à ce que je sache. J’ai les mains sang gant. Pleines de plaies. Est-ce que je lui plais ? Marche, marche, est-ce que j’ai assez de monnaie pour les cigarettes oui j’ai assez, non, je ne l’ai pas assez vu. Entrer dans un bain d’une eau un peu trop chaude, s’y laisser couler, avec difficulté puis ravissement. Il part et je sors du bain. Vulnérable, nue, le froid qui crispe les épaules les mâchoires. Marche, marche, quartier d’étudiants, des papeteries des sandwicheries, des étudiants avec leur café leur confiance en soi et leurs livres. Brouhaha intellectuellement juvénile. Traverser tout ça vite fait. Comme je l’ai fait il y’a dix ans. Le soleil descend déjà. Col remonté nez rentré. Marche, marche, pas plus pas moins. Pas dure la vie. La nuit tombe et je m’endors reposée d’avoir bougé.

samedi 28 janvier 2012

Forteresse


Faible ? Moi ? Jamais ! Je ne permets à personne de dire cela, et encore moins de le penser. Je suis battante, courageuse à en crever.
Si j’ai l’air d’avoir mal et que tu me regarde avec pitié je peux te mordre jusqu’au sang, pour un regard. Ne me parle pas gentiment, je ne veux pas de gentillesse à mon égard. La gentillesse c’est pour les faibles.
Je suis exigeante. Surtout avec moi-même.
Si je suis dure ce n’est pas de la méchanceté mais une façon de me protéger. Je déteste les débordements d’affection, les déclarations d’amour, et d’une façon générale je supporte mal que l’on s’attache à moi. Je prendrais le risque de m’attacher en retour, et donc, de me faire du mal. On ne peut pas aimer sans un jour en souffrir. Je n’ai pas le temps pour ça, souffrir. Et puis pour aimer, il faut avoir confiance. Et qu’on me coupe la main s’il existe, si l’on trouve une seule personne entièrement digne de confiance sur cette terre.
Tu me regardes comme si j’étais une extraterrestre. Je ne suis ni folle ni désespérée, mais simplement lucide. Seule, oui, mais lucide. La vie est courte je n’ai pas le temps de m’éparpiller en relations trop souvent stériles, en larmes inutiles, un jour tu comprendras, toi, qui me regarde ainsi, parce qu’un jour peut-être, tu seras vieux, et seul. Moi, je préfère m’y habituer dès maintenant. Et me battre pour réussir. Je suis une forteresse. Les attaques des autres sont comme une poignée de clous lancée contre mes murs. Il n’y a plus de pont levis depuis longtemps. Rien ne me pénètre donc je suis vide… vide. Mais forte.

mardi 10 janvier 2012

Je suis lente

Je suis lente.
On me le reproche sans cesse.
Quand je marche dans la rue, il n'est pas rare qu'une pointe de chaussure super tendue me morde le talon, ou que quelqu'un d'exaspéré par ma lenteur, me prenne par les épaules pour me déplacer.

Quand on me parle j' écoute, j'entends, mais mon cerveau n'assimile que plus tard ce qu'il a entendu. Je mets du temps à répondre, quand je réponds.

J'aime regarder les fleurs pousser, le soleil se coucher et l'aiguille des minutes avancer. Je regarde les rides qui se forment sur mon visage, et le fruit devenir noir.

Je ne suis jamais arrivée en retard à un rendez vous. Connaissant ma lenteur par coeur, je pense large. Pour un trajet d'une demi-heure pour un être humain normal, je compte une heure quinze. Le quart- d'heure étant la marge de sécurité.

J'ai été virée ce matin. Je travaillais à la SNCF. Je m'étais présentée il y a quelques mois, pensant choisir le meilleur endroit pour exercer ma lenteur. Mais une fois dans le train, j'ai été prise de panique. Les paysages défilaient trop vite. Je me suis trouvée mal. Demain, j’irai postuler à la poste.

Je suis lente. Mais chaque chose que je fais, chaque action jusqu'à la plus insignifiante, comme replacer une mèche de mes cheveux, je le fais minutieusement. Avec application. Lorsque je marche, je ressens très profondément mon pied qui se déroule sur le sol, pendant que le deuxième (car j'en ai deux) prend son envol, pour aller atterrir quelques décimètres plus avant. 

Dans cette société où tout doit aller vite. Où la vie n'est plus qu'une course incessante contre les autres, contre le temps, après l'argent,
Je suis lente. Et alors! Je savoure chaque instant de la vie.

Une respiration, un mot, un mouvement, un regard. J'attrape ces petits moments les caresse les hume. Je m'en imprègne.

Vous qui êtes tous rongés par l'impatience. Vous, aigris de ne pouvoir rattraper ce temps qui courra toujours plus vite que vous. Oubliez une seule seconde, votre douloureuse et vaine course, abandonnez un instant cette grimace pressée que vous affichez, et regardez moi!
Regardez-moi bien, car je suis une espèce en voie de disparition.
Dans cette société qui n'est pas faite pour les lents, j'ai tout perdu. Mon travail, mon argent, même mes amis. Tout perdu sauf une chose, l'essentiel, le temps de vivre. Heureuse, simplement, d'être en vie.